“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”
L
a musique envahissait peu a peu l'appartement, brisant cet abominable silence dans lequel était plongé Peetha. Les premières notes du piano, devant lequel il était assis, le firent presque trésaillir, comme si le son le ramenait a la réalité. L'éloignait de la douleur qui s'était aggripé a son coeur.
Quelques notes de plus, loin d'être maladroites, pour s'échauffer et le voila parti dans un autre monde.
Il ferme les yeux, ses mains courant sur le clavier sans jamais s'interrompre. Son visage semble un peu plus apaisée, ses épaules décrispés.
Mieux que 6 shoots de vodka, laisser exterioriser ses peines et ses peurs a travers une mélodie.
A première vue, il était difficile d'imaginer un homme tel que lui, jouer d'un tel instrument de la sorte. Et pourtant. Peetha jouait du piano depuis toujours mais l'avait laissé de coté depuis plusieurs mois. Inutile de préciser que c'était son moyen d'évasion lorsque, étant jeune, plus rien n'allait avec son père.
Avec ce qu'il lui était arrivé ces derniers mois, il avait finit par craquer. Un appel au secours sur un piano. Un moyen de faire couler des larmes imaginaires qui ne coulait plus depuis des jours. Sécheresse auculaire aprés le tsunami.
Estéfania, sa tentative de suicide... bien trop difficile a reprendre sa vie en main aprés tout ça.
S
es doigts se font plus pressants. Possédé par ce qu'il produit. Nous avons tous nos petits secrets. Aprés tout ce temps, Peetha n'avait pas perdu la main. A vrai dire, la souffrance est une grande source d'inspiration. Il s'était d'ailleurs demandé si il continuerait a jouer du piano si il trouvait un jour la paix.
La paix. Un doigt qui déraille. Une fausse note. L'appartement est a nouveau plongé dans un silence obscur que Peetha vient briser avec un profond soupir. Retour brutal a la réalité.
Il jette un rapide coup d'oeil a sa montre. Début d'aprés midi. Il n'a pas oublié son rendez vous avec un certain... quel est son nom, déjà ? Le jeune homme sort de sa poche une carte. Maxwell Snyder, neurologue. Il prononce a voix haute. Il sourit. Un sourire qui n'atteindra jamais ses yeux.
Aprés avoir consulté plusieurs médecins pour ses insomnies et sa tentative de suicide surnaturel, on en avait déduit qu'il n'avait rien. Ou plutôt on lui avait laissé entendre qu'il était plus ou moins "fou", que tout était dans la tête. Inutile de vous dire que Peetha l'avait plutôt mal prit. On l'avait alors dirigé vers ce fameux Maxwell.
A vrai dire, il avait autant envie d'y allé que de se pendre. Il espérait au moins ne pas avoir droit aux mêmes discourt.
I
l caressa le piano du bout des doigts comme pour se rappeler une dernière fois le monde qu'il avait quitté puis se dirigea vers la salle de bain. Comme toujours il s'arréta devant sa baignoire, coupant sa respiration, sans même s'en rendre compte. Comme toujours il se remémorait sa tentative de suicide. Comme toujours il avait cette étrange impression que quelqu'un d'autre était dans sa tête. Comme ci l'idée de mettre fin a ses jours ne venait pas de lui. Comme toujours il revivait la scène avec cette même sensation d'être épié. Comme toujours...
Il regarda l'homme dans le miroir. Son propre reflet. Estéfania. Qu'avait elle fait de lui...
Peetha refusa de penser une seconde de plus a tout ce qui venait de lui arriver puis commenca a se préparer.
1h aprés, le jeune homme attendait la visite du neurologue Snyder dans une salle d'attente vide avec la promesse de lui faire manger ses dossiers si celui ci, aussi, le diagnostiquait de "fou".